rhapsodie—————— tenue & cheveux. la tête écrasée contre l’canapé, les écouteurs dans les oreilles. elle est bien là. ce serait bien si elle pouvait rester là. oh oui. ce serait bien. tiens. et si elle essayait ? elle pourrait faire ses rubriques de sa chambre. et elle aurait pas à bouger. elle aurait pas à croiser toutes ces personnes si, si malpolies. ces personnes qui semblent penser qu’ils sont seuls, seuls dans un monde qui leur appartient.
OH !
c’est pas l’cas, ok ?
elle soulève la tête quelques secondes avant de la rabattre sur l’oreiller, si, si confortable.
le portable à la main, elle réagit qu’à quelques vibrations. celles auxquelles elle a le courage de réagir. haneul, eridan, yonhi, ahreum, aussi. et yeseol. tous ces gens là, elle veut bien leur répondre, leur parler. c’est. normal quoi. même ahreum. et c’est pas forcément au beau fixe en c’moment. elle s’est ridiculisée devant elle à la radio hier. s’est plantée devant elle, et. rien. voulait parler. voulait dire un truc, mais. rien.
et pourtant,
pourtant.
y’a ces textos qu’attendent sagement. sans réponse.
et elle passe ses journées sur la conversation. à écrire des trucs. à les effacer. à éteindre le téléphone. à le rallumer. à retourner sur la conversation. lire les messages. rougir aux premiers. se mordre la lèvre aux derniers.
un doigt distrait sur les lippes trop rouges depuis quelques jours. un peu comme si elles avaient gardé un souvenir coloré de ce moment éphémère.
un coup, deux coups, trois coups sur sa porte. sa mère. qui s’assoit sur l’bord du lit et qui dit rien. jusqu’à ce que sa fille lève les yeux vers elle. quelqu’un l’attend dehors. c’est le message qu’elle lui apporte, toute souriante. elle est heureuse sa mère. sa fille est devenue de solitaire à avoir des amis qui passent à l’improviste.
c’est beau les changements qu’elle a entraîné dans sa vie.
elle est fière d’elle.
et nayung voudrait qu’elle lui dise moins, souvent. plus, parfois.
nayung ouvre la porte. c’est yonhi. elle veut probablement lui parler de son chat. ou. de sa mère. de son mec. oh, ça lui ferait du bien de parler de yonhi et de son mec. ils sont mignons ensemble. ils ont ce que tout l’monde voudrait. sauf, pas elle. pas nayung.
le prince charmant, elle y croit pas. et ça l’intéresse pas.
les hommes, après tout,
c’est tous les mêmes.
c'est forcément yonhi.
mais la voix, les shoes et tout le reste qu’elle découvre en relevant les yeux lui prouvent le contraire.
c’est pas yonhi.
et c’est probablement la dernière personne qu’elle voulait voir, là.
sa première pensée, c’est pas forcément qu’il est là, que c’est génial, ou que c’est naze. que c'est de bon ou de mauvais augur, que c'est un rêve ou un putain de cauchemar, non. non, sa première pensée c’est qu’il a rencontré sa mère.
et que c’est bizarre. trop. beaucoup, trop, bizarre.
elle tourne les yeux vers un voisin qui passe par là.
il les voit, il ose pas dire bonjour.
putain.
pas foutu de donner une sortie de secours. à quoi ça sert d'avoir des voisins si c’est pas pour s’donner des coups d’main dans les moments d’urgence ?
salut. mais. qu’est-ce que tu. pourquoi t’es là ? enfin. pourquoi t’es venu ? j’suis même pas...
rien, laisse....bien habillée, qu’elle allait dire.
mais non. elle a aucune raison de cacher qui elle est, juste pour plaire. juste pour
lui plaire. il en vaut pas l’coup.
personne, personne le vaut.
et elle s’dit que ce serait bien qu’ils parlent. qu’elle lui parle. qu’elle lui dise qu’elle l’a plus lui, en vu. et qu’elle est déjà passé à autre chose.
et elle s’dit que ce serait bien qu’il voit pas ses joues rougies par la honte d'une tenue franchement pas recherchée, ou par la timidité d'une gamine comme sous l'charme d'un tout premier amour.
ce serait bien qu’il voit pas ce que son corps dit.
qu’il entende juste ce qu’elle, elle a à lui dire.
ce qu’elle a à
se dire.