papa.
papa. papa. papa. papa.
p a p a.
papa, pourquoi j'ai pas de maman ?
– elle est partie dans le ciel haneul.
papa, elle va revenir maman ?
– non, je ne pense pas ma chérie.
papa, tu crois qu'elle m'aimait maman ?
papa, tu crois qu'elle m'aurait aimé maman ?
– elle t'aimait déjà fort haneul.
alors pourquoi elle est partie maman. pourquoi elle est pas restée maman.
– parce qu'elle ne pouvait pas.
oh, d'accord papa.
tu sais papa, même si maman elle est partie, moi je l'aime quand même.
– elle t'aime aussi haneul. elle t'aime aussi.
et, toi tu m'aimes papa ?
– allez, ça suffit maintenant, cesse tes enfantillages.

mais tu sais papa, tu ne m'a jamais dis je t'aime, n'est-ce pas ?
mais c'est pas grave, j'ai le cœur pour deux, pour trois.
j'ai le cœur pour l'infini.


chapitre premier
she was so artistic,
painting smiles on every face but her own.


sang. s a n g.    s  a  n  g.
ça se chante, ça s’éclate. perles rubis qui émerveillent l’espace, qui dansent, qui tâchent. le blanc maculé de sa robe, qui tâchent le parquet de la pièce. qui tâchent ; tâchent. la maman, elle va crier quand elle verra le carnage. c a r n a g e ; mais non maman, ce n’est que pour s’amuser.
sang, le nom de famille respecté. sang, le nom de famille bafoué par la progéniture.
--- sang, nom masculin, le liquide rouge qui circule dans les artères, les veines et les capillaires sous l'impulsion du cœur, et qui irrigue tous les tissus de l'organisme, auxquels il apporte les éléments nutritifs (glucose, par exemple) et l'oxygène, et dont il recueille les déchets.
l’opposition qui amuse. le sang qui tâche la sang.
et ça rit, et ça chante ; paroles affreuses, actes abominables. mais ce n’est pas si affreux ? ce n’est qu’un jeux n’est-ce pas ? parce qu’ils sourient tous, ils rient à en perdre la voix. alors, c’est amusant n’est-ce pas ?

y a les heures qui défilent, les secondes qui s’échappent. le temps qui fuit, qui la laissé. abandonnée à son sort, haneul. mais le ciel, s’est détourné d’elle. enfant bafoué, enfant déshonneur. elle n’a que ce qu’elle mérite haneul. après tout, ce n’est qu’un jeu.
(maman. s’il-te-plait. aide-moi.)
– ahaha, regardez là comment elle est pathétique.
(ma-man)
– non mais t’as vu sa tête ? – ouais pas encore assez amochée.
(papa)
– une traînée, elle le mérite bien – tu m’étonnes, c’est ça d’ouvrir les cuisses trop tôt ; et en plus, quelle idée de mentir hein ? pourquoi t’as mentis haneul ? de toute façon, jun, il aurait jamais voulu de toi.
(ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. je n’ai pas mentis)
(vous mentez)
(pa-pa)
– ouaaaah, trop joliiie.
(pas toi, je t’en supplie)
et cette voix, cette voix qui retourne l’intérieur, qui arrache les frissons désagréables, cette voix qui fait peur. la voix qui transperce, les mots qui cinglent. plus douloureux que les coups portés. parce qu’haneul, elle aimait bien cette voix.
– j't'ai toujours trouvé jolie, pour ça, le bleu sur le visage ça va.
et y a le cœur qui ralentit, les forces qui l’abandonnent. supplice qu’elle sent se finir. parce que c’est la fin, elle le sait.
– et l'rouge, c'est la mode.
puis y a le mégot qui s’écrase sur le corps. corps presque dénudé, sauvagement déshabillé. la rage, non, malotru, le  j e u  ne fait pas dans la dentelle. le visage relevé, le visage éclaté. on lui ordonne d’ouvrir les yeux, de lever les yeux. pourquoi elle y arrive pas haneul, alors qu’elle a souvent la tête dans les nuages. mais elle sait haneul, elle sait qu’il n’y a pas de ciel ; et quand elle ouvre les yeux, ses pupilles tombent face à face avec les ténèbres. le ciel s’est éteint. rendez-vous intime avec le diable. –tu me remercies pas ? ooooh, t'es méchante. mais j't'aime bien quand même. et le visage qu’est relâché, brusquement. les brûlures qui reprennent, le liquide brûlant qui coule sur ses jambes, sur son dos.
(( pourquoi ils rient comme ça ?
maman, j’ai peur.
maman, j’ai mal. ils me font mal.
papa, j’suis désolée.
dés.
olée.))
ça devient tout noir, ça devient tout froid ; presque vide. dépourvu de vie. et c’est l’énième, peut-être plus, coup qui tombe.
elle a arrêté de compter haneul, quand ça a commencé à dépasser la trentaine.
elle a arrêté de crier haneul, quand elle a compris qu’on ne viendrait pas la sauver.
elle a arrêté de se battre haneul, parce qu’elle ne pouvait plus.
elle a arrêté de croire haneul, quand on lui a arraché l’espoir.

c’est la barre de fer qui rencontre la pauvre carcasse, encore une fois. encore, encore. boucle sans fin. qui s’abat sur les flancs. encore, encore. animal blessé. c’est le sang qui gicle une nouvelle fois. rouge. – oh, mais fais attention, les rideaux. et ça rient. encore et encore.
mais.
mais.
ils ont arrêtés.
ils ont arrêtés parce qu’ils étaient fatigués. alors ils l’ont relâchés haneul, le bisou acide d’une hillary qui rit sur la joue. c’est la carcasse déglinguée, les rouages fracassés qu’elle s’est retrouvée à errer haneul, en pleine journée. s’écroulant.
haneul.
haneul.
elle est sage comme un carnage haneul.
elle qui repose, elle qui peint le sol, sous les regards effarés des passants. des passants qui ne s’en approchent guère, bête de foire haneul.
c’est un jeu haneul, pardonne, tu as perdu cette fois.
tu as tout perdu, le nom, le sang, l’honneur, l’amour de ton père.
tu l’as perdu lui. aussi.
et ça, c’est de ta faute.

(…
…)

mais elle est vivante haneul. éclatée, brisée. elle est encore vivante sur ce pond, les mains qui touchent ce ventre vide, l’air qui devient pesant sur les poumons. faible, haneul.
f a i b l e.
ils avaient raisons. ils avaient tous raisons ; il n’y a plus d’avenir haneul, tu as perdu cet avenir brillant à la seconde où ton cœur à flancher pour sa gueule d’ange, tu as perdu ta vie si vite qu’il ta posséder.
perdu ta vie.
pas encore.
not yet.
not sang.
et y a le regard qui se perd sur l’horizon, ciel dégagé, soleil qui réchauffe les cœurs. et elle, elle est là. accrochée à la seule rambarde qui la maintient encore en vie. elle, elle est là. encore.
plus pour longtemps.
elle est là, les cheveux qui volent, corps meurtrit drapé du vêtement d’hôpital. elle s’est enfuit haneul.
elle aurait dû le faire plus tôt ; mais à quoi bon. c’est fini maintenant.
et y a le sourire paisible qui se dessine sur les lèvres amochées, les yeux qui se ferment, teintés du bleu qu’hillary aime tant. les voitures qui passent, qui ralentissent, mais elles ne s’arrêtent pas. elles sont justes curieuses haneul. t’es une bête de foire.
elle réussit, à grimper par-dessus la rambarde, s’accrochant au fil de sa vie. y a le crissement de pneus qui se fait violent, aussi violent que les battements de son cœur. battements de cœur devenus atroces.

– gamine, ne fait pas ça, redescend maintenant ! viens là !
et le rire qui éclate, le regard qui s’ouvre sur le ciel.
bonjour le ciel.
le pied qui s’élève, en équilibre haneul. comme le trapéziste sur sa corde.
( la vie ne tient qu’à un fil )
bonjour maman.
la main qui lâche. elle fait le spectacle, comme dans le cirque.
– oh mon dieu, empêchez là de sauter, elle va se tuée !!
c’est le but madame. ce n’est qu’un jeu, et pour cette partie, c’est moi qui gagne, madame.
((les hurlements qui accompagnent la chute.))

…… bonjour tristesse.
je vous    p a r d o n n e.
au revoir papa .....
je  t' a i m e  papa.


——————

chapitre second
have courage and be kind

– hm, d’accord, je viendrais. quelle heure ? (…) bien, par contre ne m’en veux pas si j’arrive en retard. j’suis de garde aujourd’hui. de garde. de  g a r d e. vingt-quatre heures coincée entre les nombreux murs de cet hôpital. le père qui s’accommode, de toute façon, il n’a plus le choix, aujourd’hui, c’est lui qui fait avec. la jeune femme qui se redresse, qui lâche les derniers mots à son paternel avant de raccrocher, quittant ce siège. besoin de sortir, besoin de s’aérer.
mais l’ciel est couvert, le bout du nez qui se fronce. il va pleuvoir, ça ne va pas tarder à tomber.
y a le sourire qui se dessine sur sa bouche, les talons qui claquent contre le sol trop propre. et elle déambule, les mains dans les poches de sa blouse. blouse qui vole, drap de pouvoir, de connaissance. les regards qui se font insistants et le sourire insolent sur le visage. trop jeune qu’ils disent, trop fous qu’elle répond. y a pas d’âge pour être ce que l’on veut être. mouvement de tête, elle répond poliment. elle est polie haneul, elle l’a toujours était même si ses pupilles baignent dans l’insolence. – doc, doc ! voix qu’elle reconnait, voix qu’elle aime.
elle s’arrête, sort ses mains de ses poches et elle joue haneul. rayon de soleil dans ce service. main portée en visière, elle fronce les sourcils. cherche, elle cherche encore. – doc, doc je suis là ! – hyun ! tu es où ? je te vois pas ! et le ricanement complice, le chut de la mère mal à l’aise. et elle sait où il est. et d’un coup, elle se retourne, s’abaisse. traîne de doc qui vole. – te voilà ! et elle tend les bras haneul. petite silhouette qui accourt comme elle le peut jusque dans son étreinte. les bras qui encerclent le cou. la main qui caresse la tête du petit, geste maternel, geste qu’elle ne connait pas, geste qu’elle reproduit sans cesse. pour combler le vide, pour combler le manque ;
elle n’a pas reçu, mais elle donne haneul. elle donne trop. elle donne trop.
t r o p.
et elle fait comme si de rien était haneul, elle passe outre. c’est la vie d’abord, c’est la vie avant la mort, c’est la joie avant la souffrance. et haneul, elle refuse de pleurer maintenant, elle refuse d’afficher le visage désolé des autres médecins. parce qu’elle sait que ce petit garçon, il va pas bien. il va pas bien du tout. mais il vit, le cœur qui bat, les poumons qui respirent, la voix qui s’élève.
il vit, et c’est tout ce qui lui importe. et il pleut.
alors un sourire se dessine sur les lèvres d’haneul et elle jette le regard vers les baies vitrés du couloir. elle entraîne le garçon, s’assoit à même le sol. garçon qui se pose entre ses cuisses, la maman qui accompagne, qui regarde, qui admire. et haneul, elle parle. de tout, de rien. elle comble le vide par des histoires. des histoires de grèce antique. et le sourire du garçon qui s’émerveille, qui oublie qu’il est à l’hôpital.
o u b l i e r.
s o i g n e r.
faire s o u r i r e .
c’est tout ce qu’elle veut faire haneul. et elle le fait bien, haneul. et y a la mère qui récupère l’enfant, le baiser qui se dépose sur la joue et le sourire qui regarde les silhouettes s’en allaient. un dernier regard vers le ciel, et le bip qu’elle craint résonne. son strident qui ramène à la réalité.
r é a l i t é.
u r g e n c e.
et haneul, elle se lève, regarde le bipper et elle court.
courir, sans s’arrêter, courir pour sauver.