s'inhumer——————— digne de qui digne de quoi
digne de rien digne de foi
jinsun qui te regarde qui te fixe
qui t’interroge presque du regard tandis que tu déclines
que tu te dérobes comme un animal sauvage
alors qu’il a pris tellement de temps pour t’apprivoiser.
le mur la froideur
le visage glacier
les mots devenus plus dangereux qu’une balle ou un fleuret
toi qui décides de te taire au premier abord
(seulement au premier)
sans doute pour mieux aiguiser tes reproches et pointer du doigt ses tords
et jinsun qui se tend, un instant
qui se redresse, un peu plus grand
(ou presque)
qui laisse son visage se clore se fermer
se taire en même temps que tu commences à le menacer
non pas avec tes paroles ni même tes gestes
juste avec la façon que t’as de le laisser en reste
les yeux qui fusillent presque et qui l’évitent en même temps
— perplexe —
il t’attend.
ses poings se contractent un peu, attendant la bête
fauve de nuit qui dévoile ses crocs
qu’il n’est pas sûr de dompter
qui sait qu’il pourrait se faire dévorer
par ta colère qui te consume
par ta colère qui se consomme
comme des doses de cocaïne
héroïne – dangereuse – déception dont t’as pris l’habitude
l’image du héros qu’on gratte un peu qui perd de sa splendeur
avant de se rendre compte que ce n’était qu’un menteur
(il ne t’a jamais rien juré jinsun)
fragrances sèches et salées
mélange du désert et des hautes marées
qui pique les yeux et les plaies déjà ouvertes
qui viennent les creuser jusqu’à ce qu’on puisse dissimuler la perte
de l’être toujours adulé
(ah il est mort le soldat vaillant)
il n’est plus que carcasse plus que charogne bouffée par les vautours
ces chiens de l’enfer de l’hadès
ses chiens qui viennent du moyen orient et dans les promesses
jamais prononcées juste imaginées sous-entendues
murmurées au coin de l’oreille avec des mots différents mais qui disent la même chose dans son langage
« tu dois te battre eridan »
« tu ne dois pas abandonner eridan »
« j’suis là eridan, j’te regarde eridan »
la corde qui finit enfin par se tresser autour de son cou
(il plisse un peu les yeux à chacun de tes mots)
qui se resserre lentement, les spectateurs regardent, expressions fascinées et horrifiées
qu’elle magnifique vue pour mourir
encore une fois(lève légèrement la tête mais ne détourne pas des yeux)
et le bourreau appuie sur la manivelle le sol s’ouvre sous ses pieds
il ne manque plus que leurs
a p p l a u d i s s e m e n t s,
les tiens(fronce les sourcils alors qu’enfin tu craches les pensées)
et le corps qui pend dans le vide le cou rompu l’honneur blessé
et tout le monde
l’a déjà oubliéutopiste ? tu t’fous de ma gueule ? à quel moment un militaire est utopiste eridan ?à quel moment il a de l’espoir eridan;
il en a peut-être pour toi
(non, il en
a pour toi)
mais de là à te glorifier le monde
jamais il ne pourrait faire ça
(tu sais il les voit les corps tomber ceux des méchants des gentils des enfants et des innocents, ceux qu’on rien demandé qui sont en guerre ou quelque part sur une autre terre, oh oui tu sais eridan il y a pas d’quoi rêver sur cette putain d’planète juste essayer d’exister pour pas y passer)j’sais pas ce qui t’arrives j’vois pas quand je t’ai menti, ni quand j’ai été hypocrite.(
oh, réfléchis bien, jinsun)
j’t’ai jamais rien idéalisé eri. j’t’ai juste dit ce que je voyais. j’suis pas l’genre à m’faire des films et à oublier c’que c’est la réalité.ou peut-être seulement
les magnifiques séquences d’orient
qui butent sa mémoire le foutent à genoux
(magnifiques films d’auteur certains diraient ; des documentaires presque !)
la réalité y est tellement
c r i a n t e
(et jinsun il est figé)
les deux pieds dans l’sable à voir que ça va jamais s’arranger
que quand il aura fini d’tuer des gens dans c’pays faudra aller en chasser d’autres sur de nouvelles contrées.
explique moi. j’fais pas dans les sous-entendus. sois clair.bras qui se croisent
le corps et la tête qui attendent
que tu lui dises ce qu’il sait déjà
au fond
que tu lui dises qu’il n’est pas
l’image projetée malgré lui au plafond
(faut être vaillant dans la vie, eri)
mais moi j’deviens toujours plus petit.