(women's world) les enfants oh c'est cinq filles. cinq gamines étalées sur cinq ans, parce que le bon dieu donna à la femme le droit d'enfanter et que la mère, si sainte, si pieuse, décida de remplir son devoir et d'en donner un maximum. cinq gamine de vingt à vingt-cinq ans, croix divine qui pendouille autour du cou et châtelet et bible de poche dans le tiroir du chevet. enfants qu'on a vite poussés sur le chemin du christ, prier avant de manger prier après manger prier avant de dormir prier en se levant prier du soir au matin et quelques fois même la nuit. pas de télé et pas de portable avant la majorité. pas de sorties et pas de garçons, surtout pas ceux qu'ont les poches vides ou pas bien remplies, surtout pas ceux qui ne fréquentent pas leur église. le pasteur à la maison tous les mardi soirs, à dîner et à boire. fêtes de voisinage entre bons chrétiens et les meilleurs se doutent même pas que les oh, les deux grands oh, font de leur religion un mélange de tout. ↯ (witch) comme une envie de provoquer qu'est sortie de nulle part, qu'est remontée des tréfonds des entrailles, et les cinq puis quatre filles oh dans un coin du grenier qui lisent des bouquins sur l'occultisme, les choses comme ça, sur les femmes qu'on a brulées ou enterrées vivantes sans lâcher une seule larme ou un seul cri de regret. et dai qui s'arrête toujours avant d'aller trop loin. quelques fois. ↯ (dead man's eyes) c'est pas facile, tu tiendras pas. c'est pas pour toi, c'est pour personne mais surtout pas pour toi qu'on lui dit et qu'on lui répète. c'est pas pour toi la mort imminente, les choses inéluctables comme ça. tu serais bien mieux à rien faire dai. mais dai ce qu'elle fait elle l'aime. assise au chevet de personnes seules, qui soigne les maux invisibles à l'oeil nu avec des mots et des hochements de tête. vous êtes bien bonne mademoiselle ils lui disent eux. de tenir leur main qui tremble, leur corps qui s'agite. de les regarder dans les yeux sans voir qu'un amas de chair mi-vivant mi-mort mais au-delà et bien au-delà. ↯ (girls) si elle en avait le cran elle dirait oui, si elle était pas si religieuse elle dirait oui. oui j'aime les filles, oui je les regarde, oui je voudrais bien les toucher et savoir ce que ça fait. depuis le lycée peut-être. quatorze ans à peine. une fille du même âge, les cheveux noirs toujours nattés en couronne, un prénom qui sonnait doux, un truc comme haneul où elle sait pas trop quoi, peut-être bien que c'est juste ce qu'elle imagine, et c'était la plus joli et dai, dai elle rougissait à chaque regard qu'elle pouvait poser sur elle. ↯ (art) dai son monde il est artistique. rempli de grands tableaux, de toiles signées klint ou monet, de bouquins innombrables, littérature française, russe, anglaise et même italienne, violoncelle entre les mains, souvent, qui joue du bach les yeux fermés. croquis et aquarelles dans un terroir scellé de la table de chevet, éparpillés dans son appartement quelques fois sur le parquets grisâtre tâché de rouge et de jaune. y a qu'un moyen de calmer l'angoisse c'est peindre et peindre jusqu'à se noyer dans les couleurs.

douce — versatile — dévouée — anxieuse — bienveillante
c'est la demoiselle aux grandes airs béats, halo chimérique au-dessus de la tête, au sourire clinquant qui t'offre un mot sympa, qu'a l'air timide, un peu farouche, qu'entortille ses mèches brunes sur ses doigts osseux parce qu’elle sait pas quoi faire de ses mains. elle sourit souvent dai ; des jolis sourires, des qui gonflent le coeur de tendresse. adorable celle-là, elle croit qu'un esprit peu tout guérir. des moches aussi, déguisés et même pas conscients, des teintés de gris anthracite et de noir dégoulinant, ceux qu'écorchent les lèvres, qui les font saigner. des charmeurs et des charmants parce qu'ils sont empreints de violence que la croyance pardonnera et de regrets amers quelques fois, de peur viscérale, d’une vie un peu bancale et bien rangée en même temps, dictée surtout, de droite à gauche et de haut en bas. c'est un fantôme qu'erre dans son domaine, qu'a l'air de pas savoir ce qu'il cherche. elle a les yeux chaos et lumière, grande âme dévouée à son seigneur et lequel on sait plus vraiment, qui se tait pourtant quand les gens croient pas, qui parle pas trop de ça, qui le crie pas parce que c’est intime et pudique. gamine qui règne sur un royaume putride et con couvert d’un draps de soie et de fils dorés, nue sur un trône qui tient à cheval sur deux bords d'un gouffre. si encore les deux terreurs qui l’ont élevée croyaient pour de vrai, peut-bien que la soie et les fils dorés couvriraient quelque chose de bien et de beau. nuances sombres et bleutées, claires aussi, solaires, dai au corps et au cœur émaciés, un petit air de famille avec le cosmos violenté mais marqué d’une croix qui brille, essaye de pas trop s’écarter, d’oublier aucune prière, de manquer à aucun devoir. ode à la dévotion, à la pudeur et à la confusion. dai elle est prise dans des grandes vagues terribles qui l'écrasent sur les roches coupantes, dans les tourments divins, nouvelle noé ou bien nouvelle ève. c'est tendresse et mots doux qui chevauchent les mensonges qui se multiplient, les choses cachées, niées. insécurité qui serpente dans les entrailles brouillées. ça joue les princesses (couronnes d’épines et ronces noires), les pieuses aux mains baisées par le pasteur tous les dimanche à midi mais ça se sent doucement judas plus que christ et presque tout qui brûle sous sa peau quand elle passe les portes de la paroisse. mais dieu l’aidera bien.