chapitre premier
the greatest loss is what dies inside us while we live

une mort n’est jamais glorieuse.
une mort est pathétique, solitaire, insignifiante.
elle attrape au détour d’une rue, au milieu d’un rêve, sous les étoiles ou dans le métro. elle ne se soucie guère de l’atmosphère, de la poésie, elle est crue, réelle, saisissante.
elle aurait pu se rattraper au rideau de douche. ses doigts, au lieu de glisser, auraient pu agripper, et elle aurait pu garder l’équilibre, ses pieds sur le marbre mouillé.
elle aurait pu vivre, longtemps. rire, beaucoup. pleurer, plus encore.
au lieu de ça, elle est morte.
bêtement.
au moins les morts ont le luxe de ne pas être conscient des circonstances de leur disparition.
“morte d’avoir oublié d’accrocher des petits canards sur le sol de la baignoire”
“morte de sa stupidité, sa bête envie de le prouver à tout le monde, qu’elle peut être seule”
retrouvée deux jours plus tard, le sang séché sur le carrelage
rien de romantique. affreuse réalisation de la condition humaine, où tout se pare d’une affligeante banalité. où la sublimation est vaine. in the end, it doesn’t even matter



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chapitre second
sous titre du chapitre second

Elle n’en sait rien. ses pensées sont troubles. Elle s’est égarée, un moment, là où les songes sont plus doux, où la réalité est moins pesante. Là où ses bras sont autour d’elle, où ses lèvres tracent sa mâchoire, là où ils sont heureux, amoureux, liés. Elle lui en veut. De ce trou béant, qu’il a laissé sur le côté de la route. Elle lui en veut, de la laisser affamée, fébrile, accrochée au moment où elle poussera la porte et où il sera là, sur le canapé. Elle le hait. Elle l’aime. Et pour ces deux raisons à la fois elle cherche d’autres bras. La désillusion est forte, la fait tanguer, de la réalisation que tous ne se valent pas, qu’elle a besoin de plus, toujours plus, dans un mouvement qui l’étourdit. Elle pleure, de rage, d’être imparfaite, incomplète, et d’avoir besoin de quelqu’un pour la remplir, la regarder, lui donner de la valeur. Les charges se repoussent, ils suffoquent l’un à côté de l’autre, liés par des regards qui les dépassent. Qu’il disparaisse et qu’il reste à jamais, qu’elle l’embrasse et lui lacère le visage. Quelque chose a changé, et sa peine est bruyante, de mots crachés à la figure, de mots regrettés. It can’t go on like this, et elle sait que c’est de sa faute. La culpabilité est transformée, redirigée, elle se fait du mal, en fait plus encore, se perd dans ce qu’elle aimerait retrouver et ce qu’elle a gâché. I’m sorry, elle le crierait, mais ses lèvres restent closes. toujours pour ça. sa faiblesse. Elle a perdu sa certitude, son pied sur terre, garde le menton haut, les poings serrés.