Elle aimait le luxe Minha, elle aimait l'or, elle aimait les rubis. Elle en rêvait, parfois, dans le cocon de son lit. De cette mer de saphirs à la robe de béryl. Minha, elle avait les yeux sombre pour naître à Madrid et les cheveux blond pour mourir à Paris. On l'imaginait partout sauf ici. ↯ Pourtant elle était née dans les bas quartiers Minha, c'est ce qu'on murmurait. Dans la came, dans le vice, dans les relents de pisses. Celle qui a toujours arpenter le bitume encrassé, qui l'a dans la peau, qui l'a dans le sang. Gamine sans parents, sans histoire, élevé avec les autres gamins, là, juste au bas des rues, destinée à finir dans ces vieux bâtiments décrépis. On a parfois l'impression qu'elle a toujours été ici. Et elle s'en foutait dans le fond. Des murs qui s'effritent, du plancher qui craque, des tâches sur les meubles ou sur les draps. Parce que Minha elle est sans chaines, sans attache et sans liens autour des poignets, sans passé, et plus probablement pleine d'avenir ↯ Minha, c'est aussi l'artiste d'un monde qui n'existe pas. Elle peignait ses lèvres des rouge comme d'autre revêtaient un masque, les yeux humides comme une eau profonde, Minha était l'artiste d'un monde flottant, celle qui danse, qui chante et qui divertie. Mais le reste ne sont que des ombres, le reste n'est que secrets. Quelques billets verts pour une nuit de mystère. ↯ Elle aime. Ou plutôt, elle fantasme désespérément sur tous les êtres qu’elle rencontre, tous, sans distinctions de genres et d’espèces. Elle aurait tendance à extrapoler à une vitesse fulgurante sur tous les objets de son affection. Ce n’est pas de l’amour, c’est du narcissisme, c’est un besoin continuel d’attention, c’est une folie douce. Elle veut que vous la vouliez. C’est désespérant mais elle n’y peut rien. Elle est là, insatiable, constamment en mouvement, affligeante et touchante, moitié-moitié. ↯ Il y a cette fierté qu'elle revêt comme une parure de diamant chaque matin, il y a ces cheveux qu'elle déploie autour de son visage comme une couronne, diadème d'or, diadème de ronce. Minha se pare de sa féminité comme une arme au quotidien. Elle est reine de son domaine, conquérante d'un royaume sans frontière. Car le pouvoir réside entre les mains des femmes, c'est une vérité qu'elle se plait à réaffirmer à chaque occasion. ↯ Mais pourtant Minha, elle a Haru. Haru et ses mains lourdes qu'il serre autour de son cou. Haru et ses mots durs qui la lapident comme un millier de cailloux. Haru et son air de vin et son regard bovin. Haru cruel qui lui fait du mal. Qui affirme qu'elle l'aime même si parfois elle ne s'en souvient pas. ↯ Elle a le souvenir embrumé d'un passé où elle aurait été maitresse de son seul royaume. Tyran des milieux scolaires et reine mère des bacs à sable, enfant titan à l'indéfectible présomption qui faisait de votre quotidien un purgatoire si vous lui preniez son dernier bonbon. ↯ Mais son quotidien, c'est beaucoup moins de ça. Tout juste un boulot minable qu'elle n'aime pas, une vie de traine misère qu'elle ne comprend pas. A quel moment son inimitable ambition a-t-elle commencée à crouler sous des vagues et des torrents de déceptions?

épicurienne — indépendante — rancunière — obstinée — égoïste
Minha elle porte mal son prénom. Elle porte bien son prénom aussi. Elle est pas bonne, faut juste chercher sa beauté, comme un diamant. Faut creuser pour voir la putain en elle. Infaillible. Elle le semble, et tout son être l’exprime. Minha ne craint rien ni personne, de part son regard cerné de noir, de par son allure impeccable. Minha est le feu. La louve, la sauvage. Qui attire avec son corps de flamme, avec son sourire qui craque. Minha chérie est épicée, Minha chérie est sucrée et salée. Minha chérie est un tout. Chérie hésite pour mieux faire languir tout comme chérie attaque sans prévenir. Chérie est belle et elle le sait, avec son sourire en coin et ses prunelles qui dansent.  Chérie fait soupirer tout les garçons, qu'ils soient des génies ou de sombre con.  Chérie aime se faire aimer et s'en fiche de se faire détester car elle continue à être le centre du monde. Chérie est délicate ; chérie est une friandise. Si Minha est une chérie qui a tout pour plaire, c'est pour mieux vous faire misère. Et vous adorez ça, c'est pour ça que vous jouez diablement avec.  Et pourtant elle se laisse pas approcher Minha. Elle fait tout ce qu'elle peut, elle est changeante, elle est charmante. Une véritable garce, une de la vieille école comme on en fait plus depuis longtemps. Pas de celles qui s'amusent à ruiner votre romance pour son simple plaisir, mentir pour s'inventer une vie, ou s'acharner sur ces faibles enfants au coeur pur, ciel non. Minha est d'une classe de salope bien supérieure. Une de celles qui se caresse du bout des doigts, qu'on effleure avec révérence, avec patience. Les vraies, les pures et dures comme elle disait. Celle qui la plupart du temps ne font même pas exprès. Minha on ne peut pas la déchiffrer. Même elle s'y perd, dans ses désirs, dans ses passions. Dans ses fantasmes sexuels ou affectifs. Elle est instable Minha. Elle est perpétuellement affamée tout en étant constamment rassasiée. Et ça attire. Beaucoup trop fort, beaucoup trop vite. Elle marque Minha, à même la chaire, à même le sang et c'est dur de l'oublier. Mais ça il ne faut pas le dire. C'est le genre de chose qui se murmure au creux de l'oreille. Subversivement, comme un secret.