santé trop fragile, le rhume qui devient pneumonie ↯ la manie de mordiller ses lèvres, bien trop souvent blessées ↯ mémoire d’éléphant, mémoire absolue ; ces trous de mémoires qui la déstabilise ↯ cet amour pour la romance et la littérature contre la répulsion d’en faire les études ↯ mains et paroles maladroites, cette manie de tout faire de travers ↯ cette facilité à la manipuler, cette enfant trop naïve ↯ cette sainte horreur de l’eau et des profondeurs ; elle ne sait pas nager ↯ l’habitude de ces nuits écourtées par les insomnies contre lesquelles les médicaments ne font pas le poids ↯ ce sourire et ce rire contagieux, cette facilité à se faire des amies ↯ cette peur panique de le gente masculine ↯ ce malaise, cette aversion pour le contact physique humain ↯ cette adoration pour les animaux, cet amour démesuré pour les grands chiens ↯ ce spectre pour les corps humains….. sans vie. cette impression d’avoir été en contact avec de la chaire froide plus d’une fois ↯ ces heures passées sur le balcon, laissant refléter les constellations connues par cœur dans les pupilles ↯ cet intérêt exacerbé pour l’astronomie et les secrets de l’univers, cette absence de volonté de les étudier sérieusement ↯ l’envie de se faire belle, les heures passées les yeux rivés sur divers tutoriaux de cette ordre ↯ l’art du bordel organisé, celui qui règne dans la chambre ↯

candide — innocente — fragile — sensible — maladroite
Enfant candide, les yeux noyés dans l’innocence. Cette incapacité à discerner le bien du mal, cette incapacité à dire non. Trop gentille, trop généreuse, elle donne sans compter, Beige. Elle tend sa main, on lui prend le bras mais elle se tait. Elle n’y voit pas le mal, elle n’y voit pas l’abus. Trop bonne trop conne dit plus couramment dans le jargon, expression qui reflète à la perfection la personnalité de la jeune femme. Animée par cette envie, ce besoin d’aider son prochain, personne ne l’arrête. Et Beige elle pense trop aux autres, jamais à elle. Elle fait passé l’insignifiant avant l’importance, elle fait passé les autres avant elle. Et ça la ronge. Mais Beige elle ne change pas, elle ne fait rien pour changer et continue d’être mangée. Ce sourire qui apparait sur ses lèvres du matin au soir, celui qui parait si sincère, si vrai. Beaucoup ignore la douleur qu’il cache, la souffrance qu’il camoufle. Rien de malheureux, pas de perte, pas de décès qui déchirent le cœur. Des parents incompréhensifs, un mur de glace aux yeux de la belle qui ne peut se rebeller devant eux par manque de courage. La bouche cousue, jamais elle n’ira contre leur volonté de voir leur fille unique devenir médecin. Mais Beige elle étouffe. Beige elle ne sait pas ce qu’elle veut faire, Beige c’est une éternelle indécise. Elle vague et divague entre plusieurs options, entre plusieurs passions. Mais Beige elle sait ce qu’elle ne veut pas faire, Beige elle sait qu’elle ne veut pas faire de la médecine. Mais elle se sent impuissante, elle est impuissante face au désir de ses parents, à leurs yeux cela ne restera que des caprices. Elle a cette envie de vivre, ce besoin d’adrénaline mais elle a aussi cette peur de désobéir, cette peur de se brûler les ailes. Alors Beige elle reste dans son confort, elle continue son train-train quotidien. Mais elle étouffe encore.