chapitre premier
c o n f i a n c e  x. p e r d i t i o n
Sèche cette larme luisante qui coule sur ta joue Altière
Écoute tes enfants dont l'amour t'enchante et écoute dont leurs prières
Laisse leur tendresse prendre le pas, laisses toi gagner par leur chaleur
Car ils ne supportent pas de voir leur père qui pleure


Elle était née de la glace, du flocon le plus éphémère, des baisers volés au coin de la cheminée, alors que depuis longtemps le printemps les avaient quittés. Elle était née à partir de la mousse des vagues,
blanche et immaculée,
seule & désemparée,
unique & désolée.
Les premières larmes et les bras qui enlacent ne sont pas réellement amoureux et tendres, mais hésitants et tâtonnant. Comment savoir lorsque l'on était prêt à accueillir un enfant ? Ange du ciel qu'elle n'avait jamais demandé, sa mère. Tu sais, c'était censée être un secret quelconque, trop dur à porter, difficile à contenir, impossible à cacher. Car l'homme aguerri l'ayant permis de naître, il ne voulait pas de la douceur de paumes tendres, il ne voulait pas les joues roses, ni la fraîcheur des roses. Il aspirait à la force et l'endurance, au bambin de toutes conquêtes, de toutes réussites. Tu sais, on avait espéré un garçon et non une fille, elle s'était trompée de rôle et de papier, elle n'était qu'une expérience ratée que l'on s'empressait d'effacer.

Cependant on n'efface pas une existence.

Elle avait vécue seule cette fille, sautant sur les flaques d'eau sans s'en rendre compte. Prenant l'excès sur les lèvres et le visage, comme une bombe qui explose, implose et détruit tout trop vite. l'intelligence. Le dernier espoir posé sur ses épaules par ces parents. L'excellence, la perdition, l'omniscience tant de qualités qu'on lui jetait dans les mains, des matières premières avec lesquelles elle devrait jongler. Oh tu sais, elle n'a pas réussi à les impressionner longtemps, malgré les progrès l'avarice est destructrice, envieuse de pouvoir afin d'enfin balancer ces mots qui blessent. Les mains qui avaient heurtés ces joues étaient immenses et puissantes, elle ne pleurait pas la poupée non, elle préférait se taire et rester dans son royaume, on lui avait toujours appris à être forte.

les émotions on les renie quelque part.
on les oublie sûrement dans un tiroir.
on les brûle où on se fait brûler.

Elle n'avait jamais rien dit Hyunae ; elle avait acquiescé aux demandes, elle avait hoché la tête aux punitions. Elle persévérait dans les études et dans son développement, gardant les secrets des autres, de ceux qui auraient dû la protéger.

Papa l'aimait.
Maman l'aimait.
C'était tout ce qui comptait.
Leur amour était différent, simplement.

jusqu'à ce qu'ils ne disparaissent à leur tour.
Car la neige ne résiste jamais longtemps.
Elle était encore jeune à l'époque.

Elle avait été accueillie par une autre famille on dit, la bienveillance dans le cœur, le cerveau rempli de bonheur. Cependant elle avait déjà été abîmée, elle ne faisait plus confiance. Petit à petit elle avait vu la nuance entre les sentiments réels et illusoires, elle avait compris que ce qu'elle avait vécu n'était pas normal, pas adapté, pas naturel. C'était des choses qui arrivaient. Et elle souffrait encore, petit à petit, car personne ne lui avait appris à les gérer ses émotions, car elles étaient si intenses que parfois, souvent elle en perdait le nord et se blessait les veines pour les égarer quelque part.

Une minute.
Un instant.
Une vie entière de regrets.

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“ J’ai aimé jusqu’a atteindre la folie; Ce que certains appellent la folie, mais qui pour moi, est la seule façon d’aimer. " Françoise Sagan. 

café latte sur le bout des lèvres, le coin des doigts effleurant cette lettre, morceau de souvenirs et d'instants magiques. Lettre qui était de lui, poète amateur, étoile de ces nuits. Car ces mots faisaient vibrer son être et bougeaient son monde, elle les aimait comme elle aimait patiner sur la glace, comme le sourire réchauffait les cœurs. Elle l'aimait au point de partager toutes ses peines, de souffrir lorsque ses larmes, elle les pressentait couler le long de ses joues. Oh non, il n'était pas parfait tu sais ? C'était bel et bien le contraire, il était la différence et l'ignorance de la jeunesse. La drogue qui t'accable, la haine qui martyrise et ne lâche plus, l'oxygène qui manque, la chaleur qui étourdit à l'infini. Elle en avait aimé des hommes et des femmes avant lui, généralement un peu plus vieux car leur maturité lui faisait de l'oeil, car elle était sensible à leur indépendance. Elle avait les ailes prises, elle tentait de voler encore, petit à petit. Mais bon sang ! Qu'est-ce qu'elle faisait ? Elle s'était déjà éprise. Car il était il, car il était l'univers et les mots.

Un petit sourire sur les lèvres, elle s'évadait dans ses années de folies. Elle avait tout fait pour lui, lui pour elle. L'amertume sur le bout de la langue, elle avait goûté du vice et à l'imminence de l'auto-destruction comme si cela avait été un nectar des dieux. L'air était chargé d'électricité, l'adrénaline courrait dans ses veines, elle avait besoin de tout essayer à ces côtés, de tout tenter, juste pour voir. Elle était heureuse et malheureuse, frustrée et comblée, complexe, hystérique obsédée par le fait de le perdre. Dépendance n'étant qu'un euphémisme. Elle ne voulait pas rester seule, non, car elle se savait instable, que cette maladie émotionnelle la boufferait encore. Elle n'en a jamais rien dit à personne, jamais.

Puis un jour, il a disparu comme un mot que l'on efface. Il est mort, tué par une des nombreuses drogues qu'il consommait. Mort de douleur. Déchu de trahison, les ailes arrachées, le cœur piétiné. On avait dit bon débarras, il n'avait jamais été une bonne personne pour elle, pensaient ses proches. Elle a pleuré comme jamais elle n'avait pleuré, c'était ridicule car elle en avait eu des amours, des folies. Hyunae c'était la passion absolue, l'amour fou et les grands mots, un cœur qui sous le charme offrait tout au monde. Elle n'avait jamais souffert avant, jamais vraiment. C'était comme une trahison, un abandon, une provocation.

Inadmissible.

Les derniers battements de ciels furent dans son véhicule plongeant dans l'eau, avant que tout disparaisse à jamais. Dans le fond, mourir était facile, comparé à vivre. Ou bien pas vraiment.


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chapitre second
a b s i n t h e  &  c o n f u s i o n
Puis ensuite le néant.
Le vide.
Le recommencement.

Un joyaux perdu sur un de ses doigts, un époux non pas attentionné et espiègle, une bête sauvage avec laquelle elle ne cessait de se prendre la tête. Quand avait-elle accepté sa demande ? Elle ne le savait plus vraiment, peut-être un soir de folie, l'alcool dans le sang, ces yeux s'étant perdus parmi les étoiles présentes dans les siens. Il aurait tout pour plaire en première apparence, mais... c'était compliqué. Ils étaient compliqués. Et la vie reprenait son cours, parsemée des pièces qu'elle tente de combler pour satisfaire ses clients. Le sourire qu'elle garde ne serait jamais aussi illusoire, cette famille l'entourant lui semble aussi étrange que tout le reste. Dans le fond elle grandissait encore, elle explorait encore, ne baissant jamais les bras. Elle ne sait toujours pas décrire le mal qui l'accable, alors elle l'égare, espérant qu'il s'en ira, faisant comme s'il n'existait pas.

Et surtout.
Surtout il y avait le manque.
L'oubli, une sorte de trahison masquée.
Il y avait l'absinthe dans le palpitant, l'impression d'avoir oublié l'important et l'inoubliable.

Mais c'était juste une impression non ?