chapitre premier
alstroemeria





les débuts ont toujours étés difficile pour une personne qui voit la nostalgie comme de l'encre indélébile ; une personne comme moi qui a du mal à oublier et passer à autre chose. l'annonce du divorce de mes parents m'est tombé dessus comme un cocktail molotov et j'ai pris feu avec. j'étais jeune et on me demandait de faire des choix que je pensais inimaginables et j'ai choisi ma mère parce qu'elle n'aurait jamais survécu à l'idée de se retrouver toute seule. parce qu'elle s'animait d'une grâce sans précédent entourée d'amour et d'attention. c'était ce que je pensais et mon père est mort tout seul étouffé par un mélange d'alcool, drogue et la solitude dans son sommeil. déménager de jeju à séoul. m’accommoder au dialecte, aux nouveaux itinéraires, à la nouvelle maison, nouvel établissement, nouvelle vie où j'avais l'impression d'étouffer petit à petit avant de grandir et découvrir d'une nouvelle façon l'argent. l'argent l'argent l'argent ; un bout de papier si ridicule qui affecte les gens comme de la poésie. j'étais fasciné par la vitesse à laquelle les zéros s'accumulaient si facilement sans trop d'efforts. j'avais dix-sept ans à peine mais j'étais déjà très responsable, trop responsable. on dit que l'argent ne fait pas le bonheur des gens mais j'étais le plus heureux à cette période. et parce que rien ne se fige dans un constant état de bonheur, j'ai rencontré cette fille, une camée qui n'avait rien d'une camée. talon d'achille, sorcière, coeur de pierre... j'étais absorbé par sa façon d'être au point d'en perdre mes repères et devenir de moins en moins prudent. une camée reste une camée et un jour elle est partie avec une de mes livraisons importantes ; il s'agissait de quoi ? quelques minutes d'inattention ? j'ai couru comme un fou dans les rues de hongdae à la recherche d'une tête blonde et quand je l'ai finalement trouvée elle avait perdu de sa beauté comme une rose fanée ; une toute autre personne tentant de me blesser de toutes les façons possibles, c'est peut être à ce moment là que toute la magie s'est effacée dans une ruelle éloignée des passants et de toute l'attention. j'ai récupéré la livraison, composé un numéro couvrant mon téléphone d'un rouge pourpre et le soir même après la livraison en question et avoir déposé plusieurs enveloppes dans la boîte au lettres de ma mère avec tout ce que j'ai gagné jusqu'ici, je me suis rendu vers la rivière han. impossible de me résoudre à retourner sur mes pas qui me rapprochaient de plus en plus du pont. j'avais du perdre la tête car je ne pensais plus qu'au corps inanimé de lyn probablement ramassé par les gens chargés de faire le sale boulot, emballée dans un sac plastique et la ruelle nettoyée comme si rien n'était arrivé. peut être que si je l'avais laissé... si je l'avais laissé ce serait moi dans ce sac en plastique, mes membres dispersés dans un endroit où personne ne met les pieds en corée pour ne jamais être retrouvé. mais quelle importance ? quelle importance parce que j'allais aussi mourir. je tremblais à l'idée de mourir, de ne pas pouvoir faire mes adieux proprement mais je ne pouvais pas me résoudre à vivre avec les mains sales non plus. jusqu'à la dernière minute j'ai eu peur à l'idée de mourir puis finalement quand j'ai enjambé la rambarde l'idée que ceci soit une échappatoire m'a traversé l'esprit et je me suis senti un peu plus rassuré. l'eau était tellement froide. c'est tout ce à quoi je peux penser, de l'eau froide s'incrustant dans mes poumons.


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chapitre second
meconopsis

tout est blanc et terne autour de moi ; les murs, le sol, le peu de meubles dans cette pièce, les nuages gris à travers la fenêtre qui ne semblent pas bouger. tout est si calme pendant quelques minutes et puis la porte s'ouvre sur deux infirmières. je suis dans un hôpital. j'ignore pourquoi et tout est tellement flou pendant une heure et elles m'annoncent que mes parents sont sur le chemin. c'est étrange comme sensation, froid et interminable toute cette pression qui opprime mes poumons. pourquoi est-ce que je suis aussi nerveux ? maintenant des questions viennent marteler ma tête qui est déjà fatiguée des migraines naissantes.

"jo eun ! notre jo eun ! jo eun !"